« Retour

Les tétra-cubes

Accès rapide :

Présentation

1. Problématique

Il nous semble fondamental d’apprendre à représenter globalement les formes de l’espace. C’est difficile certes, mais ce sont précisément ces difficultés que l’on doit vaincre pour comprendre l’espace. « Voir dans l’espace », c’est construire conceptuellement les objets de l’espace, c’est être capable de s’en faire des images mentales, et c’est exactement ce que l’on travaille en essayant de dessiner les solides.

2. Matériel

Les cubes élémentaires en bois brut sont du matériel pédagogique que l’on trouve dans les catalogues spécialisés. On peut également se les fabriquer à moindre coût. Il suffit d’acheter chez un menuisier ou dans un supermarché de bricolage des tasseaux à base carrée de 2,5 m de longueur, et de les débiter en cube avec une scie. Il faut savoir que pour un menuisier professionnel débiter des chutes en cubes est un jeu d’enfant. Alors c’est bien le diable si on ne trouve pas un parent d’élève pour nous faire ce travail …

On a besoin ensuite des gommettes pour les différentes reproductions. Pour cela, il faut dessiner des matrices avec des pavages de ces gommettes, puis les photocopier sur du papier de la couleur appropriée, et les découper.

3. Logique de la progression

1) Production et reconnaissance de tétra-cubes

On commence au CE1 par apprendre à assembler des cubes élémentaires pour produire de « poly-cubes ». On s’arrête sur les tétra-cubes par qu’ils sont pratiques à produire et à identifier, directement ou avec des photos prises sous différents points de vue. Après avoir produit les huit tétra-cubes différents, on apprend à les nommer. Des noms possibles sont : la tour, le L, le carré, le domino, la podium, le nounours (ou le coin ou l’angle droit), et les deux mains pour les deux derniers qui sont symétriques, et très difficiles à différencier. Ensuite on va faire des activités de reconnaissance des tétra-cubes à partir de photos. On travaille alors sur les rapports du su et du vu, car il faut imaginer la partie cachée du tétr-acube. Certaines photos prises de bout peuvent représenter plusieurs tétra-cubes différents, et sont donc indécidables.

2) Première représentation plane

On travaille sur de multiples photos du cube élémentaire. Il faut proposer des photos où on ne voit qu’une ou deux faces, et aussi des photos avec les deux points de vue qui nous intéressent : trois losanges égaux pour l’une, et un carré et deux parallélogrammes pour l’autre. Il faut mettre les élèves devant le paradoxe de la représentation, il faut apprendre à tromper l’œil. Pour voir des faces carrées, il faut dessiner autre chose, des losanges ou des parallélogrammes. Le travail de décomposition sur les photos permet d’identifier des quadrilatères connus. Pour cela, on peut décalquer avec du papier normal que l’on pose sur les photos, et prendre le croquis des formes. On arrive à identifier deux astuces permettant de donner l’illusion de l’espace : l’utilisation judicieuse de quadrilatères, et enfin la convention d’un code couleur qui est une conséquence des conditions habituelles d’éclairage par le haut. La face du haut est la plus claire, la face de droite est la plus foncée et la face frontale est intermédiaire. Une des possibilités est de choisir les couleurs jaune pour la face du haut, bleu pour la face de droite et vert pour la face frontale.


Les deux représentations du cube élémentaire

3) Représentation des tétra-cubes par gommettes entières

On a là une activité où on construit dans le plan des représentations d’objets de l’espace en reprenant pas à pas chacune des étapes de la construction de ces objets dans l’espace. La mémoire de la construction de l’objet de l’espace guide donc la production de la représentation. Il s’agit là du passage classique de la manipulation réelle à la manipulation pensée, étape vers la construction du concept expert –ici la représentation en perspective.

On utilise les gommettes entières identifiées dans l’activité précédente. Il convient de formuler la méthode : coller la gommette sur le quadrilatère représentant la face en contact du cube correspondant. Dans le cas du tétracube coin, le cube de départ disparaît même complètement, et les élèves sont très content de le montrer par transparence : c’est un témoin de l’histoire de la construction !


Les représentations des tétra-cubes podium et coin

4) Représentation des tétra-cubes avec les gommettes quadrilatères

On va passer à une description plus fine en faisant commander aux élèves les gommettes élémentaires. La commande écrite se fait en analysant la représentation par gommettes entières. Cette activité est auto-validante : si la commande est erronée, on la modifie par écrit. Cette activité permet de décrire la représentation comme une figure plane, à l’aide de quadrilatères connus. Ici grâce au code couleur, l’illusion du volume est bien meilleure, et le résultat est bien plus saisissant qu’avec les gommettes entières. Quand on sait représenter les tétra-cubes, on élargit le travail à un nouvel assemblage constitué d’un plus grand nombre de cubes.


Les trois gommettes de couleur

5) Représentation par coloriage sur papier quadrillé ou papier pointé

On va apprendre à représenter les tétra-cubes sans les gommettes. On fournit des quadrillages des deux sortes, orthonormé et à 60°. On commence par apprendre à représenter les cubes élémentaires par traçage et coloriage, puis on se lance dans la représentation d’un tétra-cube. Pour les élèves, il semble qu’il soit plus facile de travailler sur le quadrillage à 60° que sur le quadrillage orthonormé. Quand on sait représenter les tétra-cubes, on valide l’apprentissage par la représentation d’un nouvel assemblage fait par le maître et posé à la vue de la classe. On peut travailler également sur du papier pointé.

6) Représentation par traçage sur papier blanc

On va maintenant dessiner les tétr-acubes sur papier blanc. En posant la feuille sur le quadrillage, on le voit par transparence : on va s’en servir pour tracer le tétra-cube. En passant au traçage, la représentation perd beaucoup de son réalisme, en perdant le code couleur. Ici on se contente d’apprendre à tracer les tétra-cubes, le fait que les élèves les connaissent très bien permet de les « voir » quand même. On conclue en remarquant qu’il nous manque une convention pour représenter « ce qu’il y a derrière ».

7) Convention de la représentation des arêtes cachées et structuration de la représentation en perspective

C’est la dernière étape. C’est la convention des arêtes cachées en pointillé qui réussit à recréer l’illusion du volume. On va essayer d’utiliser la représentation en pailles pour décider de la convention des arêtes cachées. En projetant convenablement le solide en pailles avec le rétroprojecteur, et en traçant l’ombre sur le tableau, on va pouvoir essayer des conventions jusqu’à ce que l’œil soit satisfait. On peut aussi faire un trou dans la face de devant et demander de dessiner ce qui apparaît alors. Il s’agit aussi de s’apercevoir que c’est la représentation orthogonale qui permet le mieux de tracer les arêtes cachées. Un autre de ses avantages est que la face frontale est « grandeur nature ».

Activités

  1. CM1 Reconnaissance sur photos des tétra-cubes
    Associer un tétra-cube à la collection de ses photos prises de différents points de vue.
  2. CM1 Description plane du cube
    En analysant des photos du cube, le décrire par des quadrilatères. On cherche à faire émerger deux représentations : une avec trois losanges et l’autre avec un carré et deux parallélogrammes. Convention d’un code de couleurs pour les faces.
  3. CM1 Représentation des tétra-cubes par des vignettes de cubes
    Construire la représentation au même rythme que le tétra-cube lui-même, en utilisant les vignettes entières de cubes. Formulation de la règle de superposition. Valider par la représentation d’un poly-cube plus complexe, voire d’un polyèdre.
  4. CM1 Représentation des tétra-cubes par des vignettes quadrilatères
    Commander la bonne quantité de vignettes nécessaires à la représentation plane des tétra-cubes parmi les trois possibles. Faire la représentation pour valider. Réinvestir par la représentation de polyèdres plus complexe.
  5. CM2 Représentation d’hexa-cubes par vignettes entières
    Ce sont les activités 4 et 5, appliquées aux hexa-cubes.
  6. CM2 Figures téléphonées d’hexa-cubes
    Il s’agit de l’activité classique de figures téléphonées (décrire pour faire reproduire), appliquée aux hexa-cubes.
  7. CM2 Autres représentations d’hexa-cubes et poster d’hexa-cubes
    Les hexa-cubes peuvent être représentés par un codage en vue de dessus. Cela donne trois représentations que les élèves vont rassembler dans une affiche.
  8. CM2 Représentation des tétra-cubes sur feuille quadrillée
    On cherche à dessiner les tétra-cubes en traçant et coloriant les gommettes, et ceci dans deux cadres différents : sur un espace pointé ou sur quadrillage, dans un réseau orthonormé. Valider par la représentation d’un polyèdre plus complexe.
  9. CM2 Représentation des tétra-cubes sur feuille blanche
    On superpose une feuille blanche à un quadrillage, de manière à le voir par transparence, et on trace le tétra-cube en s’aidant du quadrillage. On refait le travail à main levée. On formule les avantages et les inconvénients.
  10. CM2 Représentation d’hexa-cubes sur feuilles blanches
    La représentation sur feuille blanche (en fait la quasi représentation en perspective est structurée et consolidée par le même travail sur les hexa-cubes.
  11. CM2 Figures téléphonées de déca-cubes
    Toute la progression est refaite en accéléré sur les déca-cubes.


Photos

Album "Tétra-cube"

Pour commencer des photos de cube. C'est par une analyse de ces photos que les élèves comprendrons la difficulté de représenter l'espace. Ici trois faces du cube au maximum peuvent être vues. Il faudra chercher la vue qui permettra de mieux imaginer le cube entier, de faire la jonction entre le "su" et le "vu".
Le cas limite où une seule face est visible.
Le cas où deux faces seulement sont visibles.
Encore que deux faces.
Une vue de trois faces.
La vue dans l'axe de la diagonale. L'ensemble est un hexagone quasi-régulier, découpé en trois losanges qui sont les images de trois faces. C'est la vue la plus expressive, avec laquelle les élèves pourront travailler avant de passer à la représentation experte en perspective.
Une autre vue approchant la représentation en perspective.
La meilleure vue approchant la vue experte en perspective. La face frontale est un vrai carré. Par contre aucune photo ne peut rendre deux parallélogrammes pour les deux autres faces visibles. La vue en perspective est une construction mentale qui doit s'affranchir de ce que l'oeil voit vraiment. C'est l'enjeu de cet apprentissage.
Et voilà les deux vignettes avec lesquelles les élèves vont représenter les tétra-cubes, puis des hexa-cubes, puis des déca-cubes.
Une photo des huit tétra-cubes. Dans une activité découverte, les élèves les cherchent, les dénomment, puis les mémorisent par exemple en faisant un jeu du portrait.
Deux représentations du tétra-cube podium à l'aide des deux genres de vignettes. Il s'agit de reconstruire le tétra-cube avec les vignettes, en masquant la face cachée par le collage de la vignette suivante.
Voici une série de production d'élèves. Ce sont des représentations de tétra-cubes effectuées avec les vignettes de la représentation en perspective experte. Ici le tétra-cube podium.
D'autres productions d'élèves.
Une autre.
Et une troisième.
Encore une autre.
Une représentation du L.
Une représentation du "sofa".
Une représentation du "carré".
Maintenant le passage à la représentation avec des vignettes quadrilatères, losanges dans un cas, carré et parralélogramme dans l'autre. Le choix des couleurs permet de mieux voir le relief, de "mieux tromper l'oeil. Dans un premier temps les élèves utilisent la représentation avec les vignettes entières pour commander, puis coller les vignettes quadrilatères.
Une autre représentation double pour faciliter le passage aux vignettes quadrilatères.
Une autre production d'élève. La deuxième représentation a été faite par l'intermédiaire d'un bon de commande visible en marge.
Une série de représentations avec les vignettes quadrilatères. Ici le carré (placé horizontalement).
Le coin, dans les deux représentations.
Le S, aussi dans les deux représentations.
La tour, dans les deux représentations.
Le chateau, dans les deux représentations.
Le L, toujours dans les deux représentations.
Et le dernier, le chateau symétrique.
Le coin, ici appelé "l'oiseau", avec son bon de commande.
Le L, avec son bon de commande.
Le carré, posé verticalement, et un bon de commande, avec des erreurs.
Le L, avec son bon de commande.
Une autre série, dans une autre présentation.
Cette fois, la tour.
Le L maintenant.
Et pour finir, le coin.
La première d'une série de représentations d'hexa-cubes par des vignettes entières.
Un deuxième hexa-cube.
Un troisième.
Et le dernier.
Une représentation d'un hexa-cube en perspective cavalière, avec vignettes entières et vignettes quadrilatères.
Là une série de posters d'hexa-cube, où les différentes représentations d'un même hexa-cube sont regroupées.
Une deuxième production.
Une troisième.
Une quatrième production.
Une cinquième.
Et la sixième production.
Et voici le modèle, fait par le maître.





Album "Représentation sur quadrillage"

On arrive à la dernière étape : la représentation sur quadrillage. Il s'agit de tracer, puis de colorier les vignettes quadrilatères au lieu de les coller. Ici un tétra-cube dans la représentation par des losanges.
Une représentation du tétra-cube L en perspective cavalière.
Une troisième production d'élève.
Une autre production, avec un essai infructueux.
La dernière reproduction de tétra-cubes sur quadrillage.
Et pour finir une série de six représentations sur quadrillage d'hexa-cubes. A chaque fois, il y a deux modes de représentations, une avec coloriage plus expressive, et une avec uniquement le tracé, plus conceptuelle, plus experte, proche de la perspective définitive.
Un deuxième exemple.
Un troisième.
Une quatrième.
La cinquième.
Et une représentation oubliée de la tour !